La chorégraphe Eun-Me Anh #positiveattitude
Après de nombreuses péripéties avec les trains français, les danseurs coréens de Let Me Change Your Name sont arrivés pour leur unique date en Bretagne. Moi qui suis danseuse depuis 12 ans, j’attendais avec impatience mon premier spectacle de danse à La Passerelle. Au détour d’un couloir, je croise Jean-Marie qui s’occupe de la compagnie coréenne. Il me propose d’assister au filage et de discuter avec Eun-Me Ahn. Whaouw, ma première interview de chorégraphe !
Accompagnée d’Elizabeth et de Laurence, mes camarades d’interview, j’entame un entretien en anglais (à l’accent coréen). Nous découvrons un personnage surprenant avec son propre univers : #positiveattitude.
Vous utilisez beaucoup les couleurs dans votre travail, pourquoi ?
Dans la danse et les arts en général, on utilise souvent des émotions comme la peur ou la solitude. Moi je voulais plutôt partager de la joie, faire quelque chose de lumineux et énergique. C’est pour cela que j’utilise des couleurs vives sur scène. Je m’occupe aussi de tous les costumes, ça me fait gagner du temps et de l’argent. Quand je crée un spectacle, je l’imagine avec les costumes donc c’est plus simple de m’en occuper moi-même car je sais déjà ce que je veux.
La danse contemporaine est-elle importante en Corée du Sud ?
Tu sais aujourd’hui, les gens sont plus intéressés par leur smartphone ou la télé. Quand ils rentrent chez eux après le travail, ils n’ont que quelques heures pour se détendre alors c’est plus facile d’allumer sa télévision que d’aller voir un spectacle. En plus, la danse contemporaine est beaucoup moins populaire que la musique. Dans mon pays, ça coûte assez cher d’aller voir un spectacle alors les gens privilégient les stars de la K-Pop.
Comment travaillez-vous ? Comment trouvez-vous les sujets de vos chorégraphies, plus particulièrement pour Let Change Your Name ?
Quand j’ai créé cette pièce il y a dix ans, j’étais en Allemagne et j’avais envie de mélanger ma culture avec la culture occidentale. Le but était que les gens changent d’identités, de cultures, de genres. C’est pour cela que j’ai appelé cette pièce Let Me Change Your Name. A l’origine, il y avait la moitié des danseurs qui étaient occidentaux. Mais pour des raisons pratiques, aujourd’hui ce sont des coréens qui dansent cette pièce.
Je veux faire les choses différemment. Sur Dancing Grandmothers (un autre de ses spectacles), je suis allée à la rencontre de grands-mères. Je les ai filmées, je leur ai dit qu’elles étaient belles. Au fur et à mesure, elles se sont détendues et se sont mises à danser par elles-mêmes, se sont dépassées. Je me suis inspirée d’elles et j’ai continué à les faire danser.
Vous êtes en tournée. Où allez-vous ensuite ?
On part en Croatie. On a eu une annulation dans notre tournée, du coup on part en vacances. On a pris une petite maison avec piscine. C’est la première fois que nous allons en Croatie. On a aussi besoin de reposer nos muscles car cette pièce est un vrai marathon. Ensuite, on continue la tournée à Londres et on repassera par la France, à Aix-en-Provence.
J’aime beaucoup votre vision très positive des choses, ça me touche.
C’est mon intention. Je veux toucher les gens, je veux les amener à réfléchir. Je veux aussi leur montrer une autre philosophie de vie. La plupart des spectateurs ne connaissent pas bien la Corée du Sud, donc c’est l’occasion de leur montrer notre vie à travers notre danse, notre interprétation, nos expressions du visage sur scène.
Après une quinzaine de minutes d’entretien, nous la remercions d’avoir pris le temps de discuter avec nous. Un grand sourire aux lèvres, elle nous tend à chacune un petit cadeau et nous demande de l’ouvrir : une clé USB à son effigie. Émue, je la remercie. Elle me prend dans ses bras en riant.
Je ne m’attendais vraiment pas à une telle rencontre en passant la porte des loges. Incroyable de sincérité, elle nous a vraiment touchées par sa simplicité et sa joie d’être là. Voilà une interview dont je me rappellerai !
Retour en images sur le filage ci-dessous.
A bientôt pour de nouvelles aventures à La Passerelle,
#Justine