Marta Coronado
déjà danseuse sur la première tournée de Rain
Hier après-midi, au détour d’une conversation, pendant une pause café, j’apprends que la compagnie Rosas doit répéter son spectacle Rain en conditions réelles, au complet, sur la scène du grand théâtre. Aussitôt, je laisse en plan mon fidèle mug à moitié plein, et fonce attraper mon appareil photo et mon calepin pour aller me faufiler dans les coulisses de La Passerelle. Il est environ 17h. Arrivant par les loges, je croise tout d’abord Anne Van Aerschot, l’administratrice de la compagnie, qui me confirme ce que j’ai appris plus tôt : ils sont bien sur scène en ce moment, il faudra donc faire preuve de discrétion pour les approcher sans saboter leur répétition. Profitant d’un moment de calme, je m’approche, et crois reconnaître Marta Coronado*, la répétitrice de la compagnie. Bingo !
J’approche donc à pas feutrés, et fais un timide signe à Marta pour qu’elle s’approche.
« Bonjour, je m’appelle Dimitri, je travaille au service com’ ici. Vous seriez ok pour faire une rapide interview pour les spectateurs de La Passerelle ? L’idée serait de leur raconter un peu l’envers du décor, les coulisses d’un si grand ballet… »
A peine demandé, aussitôt accepté. On s’installe donc sur deux strapontins du premier rang, et je commence à la bombarder de questions. Bon, c’est vrai, mon interview ne doit pas durer plus de 5 minutes, et en plus le français n’est pas sa langue maternelle, donc je risque peut-être rester sur ma faim. Devant mon enthousiasme, elle essaye quand même de répondre au mieux à ma curiosité :
Son rôle est d’apprendre la chorégraphie aux danseurs, de les faire répéter le ballet et si besoin de les corriger. Elle a choisi de remonter Rain car, dit-elle : « c’est un masterpiece qui est beaucoup demandé et qui mérite une nouvelle tournée. Il est dansé, pour cette tournée, majoritairement par d’anciens élèves de P.A.R.T.S., mais pas que. Certains viennent de L’Opéra de Paris par exemple, où j’ai enseigné aussi. J’étais déjà danseuse sur la première tournée de Rain, et c’est un vrai plaisir de revivre et (re)faire découvrir ce spectacle 15 ans après sa création ! »
Loin des rapports froids et stricts que l’on imagine parfois dans le monde de la danse, elle « essaye, dit-elle, d’avoir un regard bienveillant sur sa compagnie « et établit un lien de complicité avec les danseurs. Elle ajoute : « je comprends leurs souffrances éventuelles, surtout sur ce ballet très athlétique » et elle tente de leur éviter du stress inutile. Elle établit donc un planning précis : échauffement tous les jours à 15h, suivi d’un débriefing de la représentation de la veille (s’il y en a eu), d’une répétition générale en retravaillant les parties ayant pu pêcher lors de la précédente représentation, puis enfin 2 heures de pause avant l’ultime échauffement juste avant de monter sur scène.
La scène justement (et le décor en particulier) peut-être un vrai casse-tête. Marta confie que la compagnie doit composer avec les différents plateaux où ils sont accueillis. Ainsi, ils disposent de 5 structures de tailles différentes pour pouvoir jouer pratiquement partout. « Il nous est même arrivé de devoir découper un bout de la structure car elle dépassait beaucoup trop de la scène ! » ajoute-t-elle.
Et malheureusement, il est déjà temps pour Marta Coronado de retourner auprès de ses danseurs. Je lui souhaite donc bonne répétition et la remercie pour m’avoir accordé un peu de son précieux temps. Je retourne à mon bureau des étoiles plein les yeux, pour retrouver mon cher mug, dont le café a à peine eu le temps de refroidir.
* Marta Coronado débute au Conservatoire Real Pablo Sarasate de Pampelune puis auditionne avec succès en septembre 1996 pour P.A.R.T.S. de Bruxelles, créé par Anne Teresa De Keersmaeker, dont elle suit l’enseignement pendant deux ans. Elle intègre à l’issue de cette formation la Compagnie Rosas, où elle devient une danseuse essentielle du groupe en participant notamment aux créations Drumming, I Sais I, et bien sûr Rain. Depuis 2007 elle enseigne à P.A.R.T.S. et devient répétitrice pour certains spectacles d’Anne Teresa de Keersmaeker, dont Rain présenté hier soir à La Passerelle.